Publié le 27 octobre 2022
| par Juliette Roussel.
Source :
L'Agefi
Quelques plateformes dédiées aux énergies renouvelables contribuent surtout à la notoriété des projets auprès du public. Mais les collectes augmentent.
Le financement participatif aussi contribue au financement des énergies renouvelables. Certaines plateformes comme Wiseed ou Lumo existaient même avant le cadre réglementaire du crowdfunding instauré en 2014. Les gouvernements y ont vite vu un moyen de rendre populaires les projets d’installations éoliennes ou solaires et ont accordé une bonification à ceux qui prenaient la peine d’intégrer dans leur financement une campagne de crowdfunding pour séduire les riverains en leur permettant de profiter de l’investissement, généralement rémunérateur.
Pourtant, le développement de cesplateformes est resté modeste : 185 millions d’euros collectés en 2021, avec une croissance forte due au contexte sanitaire de 2020, selon le Baromètre du crowdfunding de la transition énergétique (GreenUnivers – FPF). Ces sommes ont permis de financer plus de 350 projets, soit 2.601 mégawatts (MW) supplémentaires de capacité de production d’énergies renouvelables, avec une prépondérance du solaire qui attire 80 % des projets et 70 % des montants collectés. Les projets liés au biogaz ont collecté 15,7 millions d’euros, devant les projets d’efficacité énergétique (12,6 millions) et l’éolien avec 11,4 millions. Il faut préciser que la part du crowdfunding dans les dossiersde financement restefaible à 3 % dans l’éolien, par exemple, ou entre 5 % et 11 % dans le solaire.
Une poignée de plateformes françaises spécialisées cherchent à accélérer leur développement, mais la plupart ont dû s’adosser à un actionnaire solide pour résister. La plus importante, Enerfip, qui a levé 270 millions d’euros depuis le début de son activité et participé à 450 projets avec une communauté de 40.000 investisseurs, a fait entrer le Crédit Agricole du Languedoc puis la Caisse d’Epargne Midi Pyrénéesà soncapital, ainsi que deux family offices. Mais les trois cofondateurs restent majoritaires. Lendosphère (160 millions d’euros levés et 400 projets financés) a été racheté par 123 IM fin 2021 Le crowdfunding participe à la transition énergétique et co-investit désormais avec le fonds 123 Transition Energétique. Lendopolis (150 millions, 310 projets) a été racheté par La Banque Postale en 2017 et s’appuie désormais largement sur le réseaude la banque pour ses collectes locales ou nationales.
Et Lumo (90 millions, 150 projets), premier à faire de l’obligataire en 2012, est entré dans le groupe Société Générale en 2018 et a développé des synergies qui lui donnent accèsà de nouveaux investisseurs mais aussià des porteurs de projets.
Ces rapprochements permettent aux plateformes de renforcer leur solidité capitalistique mais ausside développer descanaux pour atteindre lesinvestisseurs, individuels ou à travers desfonds, et de garantir les financements aux porteurs de projet. À l’exception d’AkuoCoop qui appartient au groupe Akuo, producteur d’énergie renouvelable : ses collectes en crowdfunding servent uniquement à financer les projets de sa maison mère. Mais cette structuration n’étant plus possible dans le futur cadre réglementaire européen, AkuoCoop se tourne vers la collecte de dons pour financer des projets humanitaires en Afrique. Reste Lita.co (100 millions, 200 projets) : spécialisée dans les projets à impact positif, qui incluent le développement des énergies renouvelables, la plateforme élargit son champ d’action et s’oriente vers l’accompagnement des entreprises changeant de modèle économique pour réduire leur empreinte naturelle.
L’activité des plateformes évolue aussi, les tickets moyens par projet augmentent. Initialement, elles proposaient des levées de fonds propres et/ou des émissions obligataires en complément des prêts bancaires. Désormais, elles financent parfois directement desentreprises ayant un portefeuille de projets multiples à mener. Elles co-investissent aussi avec des fonds et touchent de plus grands projets. Depuis deux ans,certaines proposent des prêts relais (bridge) permettant de lancer des chantiers en attendant les prêts bancaires. Enfin, d'autres ont ouvert des bureaux dans des pays limitrophes. Le nouveau cadre européen du financement participatif pourrait stimuler leurs ambitions géographiques. À Quelques plateformes dédiées aux énergies renouvelables contribuent surtout à la notoriété des projets auprès du public. Mais les collectes augmentent.
ARLEXANDORUABRIER @AlexOubrier aoubrier@agefi.fr