10 idées reçues sur l'éolien offshore


Depuis le Pacte pour l'éolien en mer, signé entre l’État et les acteurs de la filière en 2022, la France s’est engagée à accélérer le développement de l'énergie offshore dès 2025, avec un volume minimal d’attribution de 2 GW par an. Cet engagement s’inscrit dans une stratégie énergétique de long terme visant à renforcer l’indépendance énergétique du pays et à répondre aux objectifs climatiques fixés par l’Union européenne. D’ici 2035, la France ambitionne ainsi d’atteindre une capacité installée de 18 GW, avant de porter cette puissance à 45 GW à l’horizon 2050.

Si l’essor de l’éolien en mer s’intensifie et suscite un intérêt croissant, notamment en raison de son fort potentiel en matière de production d’électricité bas-carbone, il demeure néanmoins entouré de nombreuses idées reçues. Coût, impact environnemental, efficacité ou encore acceptabilité sociale, autant de points qui font l’objet de débats et d’interprétations parfois erronées. Pourtant, à l’heure où la transition énergétique devient une priorité, il est essentiel de démêler le vrai du faux afin de mieux comprendre les enjeux réels de cette filière prometteuse.

Dans cet article, nous allons donc déconstruire les principales idées reçues autour de l’éolien offshore et apporter un éclairage objectif sur cette technologie au cœur des politiques énergétiques futures.

 

Idée reçue n°1 : Les éoliennes en mer détruisent la biodiversité marine

Plutôt faux

L'impact environnemental des parcs éoliens offshore fait l'objet d'études approfondies avant, pendant et après leur installation. Si la phase de construction peut temporairement perturber certaines espèces marines, notamment en raison du bruit des travaux, plusieurs études démontrent des effets positifs à long terme :

  • Effet récif : Les fondations des éoliennes créent de nouveaux habitats pour diverses espèces marines. Une étude publiée dans la revue Marine Environmental Research a démontré que ces structures agissent comme des récifs artificiels, favorisant la colonisation par différentes espèces et augmentant la biomasse locale de 50 à 200% selon les sites[1].
  • Zone de protection : Les parcs éoliens limitent souvent les activités de pêche dans leur périmètre, créant de facto des zones de protection où les populations de poissons peuvent se reconstituer. L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) confirme ce phénomène dans son rapport sur les impacts environnementaux de l'éolien offshore[2].
  • Suivi environnemental : En France, chaque projet éolien offshore est soumis à des études d'impact rigoureuses et à un suivi environnemental continu, comme l'exige l'Office français de la biodiversité (OFB)[3].

 

Cependant, une vigilance reste nécessaire concernant les couloirs migratoires des oiseaux marins et les mammifères marins sensibles aux perturbations acoustiques. C'est pourquoi chaque projet fait l'objet d'études d'impact rigoureuses et de mesures compensatoires adaptées.

 

Idée reçue n°2 : L'éolien offshore ne permettra jamais d'assurer l'indépendance énergétique de la France

Partiellement vrai

Mais aucune énergie à elle seule ne le pourrait.

Si l'éolien offshore ne peut à lui seul assurer la totalité des besoins énergétiques, il constitue néanmoins un pilier majeur de la transition énergétique et de l'autonomie nationale.

 

La France dispose du deuxième domaine maritime mondial avec 11 millions de km², offrant un potentiel considérable pour l'éolien en mer. Selon l'ADEME, le potentiel technique exploitable pour l'éolien offshore posé et flottant en France est estimé à plus de 80 GW [4].

 

À titre de comparaison, une capacité installée de 45 GW d'éolien offshore (objectif 2050) produirait environ 180 TWh par an, soit plus de 30% de la consommation électrique française actuelle (qui est d'environ 460 TWh/an).

Avec un facteur de charge moyen de 40-50% (contre 25% pour l'éolien terrestre), l'éolien en mer offre une production plus stable et prévisible, renforçant la sécurité d'approvisionnement.

Bien sûr, l'indépendance énergétique reposera sur un mix diversifié incluant l'éolien offshore, mais aussi d'autres sources d’énergies renouvelables et bas-carbone, ainsi que sur une gestion intelligente de la demande.

 

Idée reçue n°3 : L'éolien offshore perturbe fortement la navigation maritime

Faux

Avant l'installation d'un parc éolien en mer, une concertation approfondie est menée avec tous les usagers maritimes, dont les pêcheurs, transporteurs et plaisanciers. Les zones d'implantation sont choisies en dehors des principales routes maritimes commerciales.

Selon la Direction des Affaires Maritimes, "les parcs éoliens en mer font l'objet d'une signalisation maritime spécifique conforme aux recommandations internationales, permettant aux navires de les repérer et de naviguer en toute sécurité" [5].

En France, la navigation est généralement autorisée au sein des parcs pour les navires de moins de 25 mètres, et l'espacement entre les éoliennes (généralement de 1 à 2 km) permet une circulation aisée. Cette cohabitation est déjà une réalité dans plusieurs pays européens comme le Royaume-Uni, le Danemark ou l'Allemagne, où des milliers de navires transitent chaque année sans incident majeur à proximité ou au sein des parcs.

Des systèmes de surveillance maritime renforcés sont également mis en place pour assurer la sécurité de tous les usagers de la mer.

 

Idée reçue n°4 : Les éoliennes offshore gâchent le paysage côtier

Chacun ses goûts, mais nous on préfère

ça : 

éoliennes offshore

à ça :

centrale à charbon

 

La construction d’un parc éolien en mer et de ses ouvrages de raccordement nécessite l’obtention d’autorisations administratives, par le lauréat de la procédure de mise en concurrence en ce qui concerne le parc éolien en mer, et par RTE pour le raccordement, y compris la sous-station en mer.

La nature des autorisations relatives au parc éolien en mer dépend de l’espace maritime dans lequel le projet est situé, soit dans le domaine public maritime (DPM), soit en zone économique exclusive (ZEE). Le DPM est constitué du rivage de la mer, du sol et du sous-sol de la mer jusqu’à la limite des eaux territoriales, situées à 12 milles marins des côtes (environ 22km). La ZEE s'étend au-delà des 12 milles marins et jusqu'à 200 milles des côtes (environ 320 km)[6].

 

Idée reçue n°5 : Il n'y a pas assez de vent en mer pour une production stable

Faux

Les conditions des éoliennes en mer sont particulièrement favorables à une production électrique efficace pour plusieurs raisons :

  • Une ressource abondante : les vents marins sont plus forts et plus réguliers que les vents terrestres. Selon Météo France et le Service hydrographique et océanographique de la Marine (SHOM), la vitesse moyenne des vents sur les façades maritimes françaises est supérieure de 20 à 40% à celle observée sur terre [7].
  • Un facteur de charge élevé : les parcs éoliens offshore européens affichent des facteurs de charge moyens de 40-50%, contre 20-25% pour l'éolien terrestre. Le parc de Saint-Nazaire a même atteint 47% de facteur de charge en 2023, selon EDF Renouvelables [8].
  • Prédictibilité : Les technologies de prévision météorologique permettent aujourd'hui d'anticiper avec précision la production éolienne, facilitant l'intégration de cette énergie dans le réseau électrique.

 

Idée reçue n°6 : L'éolien offshore est trop cher pour être rentable

Faux

Selon la Commission de Régulation de l'Énergie (CRE), le prix de l'électricité issue des parcs éoliens offshore attribués en France est passé de 150 €/MWh pour les premiers projets à environ 60 €/MWh pour les appels d'offres récents [9].

Cette baisse de 60% en moins de dix ans s'explique par plusieurs facteurs : l'augmentation de la taille et de la puissance des turbines, l'industrialisation de la filière, l'amélioration des techniques d'installation et l'apprentissage acquis sur les premiers parcs.

De plus, les retombées économiques locales sont significatives : selon l'étude d'impact du parc de Saint-Nazaire, "pour 1 € investi dans l'éolien offshore, 1,8 € sont générés dans l'économie locale" [10], notamment via la création d'emplois dans les ports et l'industrie navale.

 

Idée reçue n°7 : L'éolien offshore ne survivra pas aux tempêtes et aux ouragans

Faux

Les éoliennes en mer sont dimensionnées pour affronter des conditions bien plus sévères que leurs homologues terrestres. Selon les normes internationales (IEC 61400-3), les éoliennes offshore sont conçues pour résister à des vents de plus de 250 km/h et des vagues pouvant atteindre 15 à 20 mètres de hauteur selon leur localisation.

Le Bureau Veritas, organisme de certification, confirme que "les éoliennes offshore installées en Europe du Nord ont déjà démontré leur résilience face à des tempêtes majeures comme Xaver en 2013, dont les vents ont dépassé 160 km/h" [11].

 

éoliennes offshore

 

Idée reçue n°8 : L'éolien offshore n'est pas réversible

Faux

Le démantèlement des parcs éoliens offshore est prévu et financé dès leur conception.

Contrairement à certaines infrastructures énergétiques, les parcs éoliens offshore sont conçus avec une vision de cycle de vie complet. En France, la législation impose aux développeurs de prévoir et de provisionner les fonds nécessaires au démantèlement complet des installations dès le début du projet.

Selon l'arrêté du 10 juillet 2020 relatif aux installations de production d'électricité utilisant l'énergie mécanique du vent implantées en mer, "l'exploitant est tenu de procéder au démantèlement des installations après la fin de l'exploitation et de remettre le site dans un état comparable à l'état initial" [12].

 

Les premiers parcs éoliens offshore arrivant en fin de vie en Europe du Nord démontrent que le démantèlement est techniquement réalisable. De plus, les matériaux constitutifs des éoliennes sont majoritairement recyclables : acier des mâts (recyclable à plus de 90%), cuivre des générateurs et câbles (recyclable à plus de 95%).

 

Des recherches sont également en cours pour améliorer la recyclabilité des pales, actuellement le composant le moins recyclable des éoliennes.

 


Idée reçue n°9 : Les pertes d'énergie lors du transport sont trop importantes

Faux

Contrairement aux idées reçues, les technologies modernes de transport de l'électricité offshore permettent de limiter considérablement les pertes énergétiques.

RTE (Réseau de Transport d'Électricité) souligne que les technologies de transport haute tension à courant continu (HVDC) permettent de maintenir les pertes à seulement 3-4% sur de longues distances, contre 6-7% pour les systèmes de transport traditionnels [13].

 


Idée reçue N°10 : Je ne peux pas aider à développer la filière offshore grâce à mon épargne

Faux

Le financement participatif peut aider à l'innovation dans le secteur de l’éolien offshore et jouer un rôle crucial dans l’amélioration de ses performances, tout en réduisant les risques, déjà limités, pour l'environnement. En permettant à un large public de financer des projets, il favorise l'émergence de nouvelles idées et technologies. Les petites entreprises innovantes trouvent ainsi plus facilement des fonds pour développer des solutions plus efficaces et moins coûteuses.

 

Pour aller plus loin :

Eolien offshore : un enjeu incontournable pour une France neutre en carbone

10 idées reçues sur les éoliennes

Qu'est-ce que l'éolien offshore ?

 


 
Sources
 

[1] Degraer, S. et al. (2023). "Offshore wind farms as marine biodiversity enhancers", Marine Environmental Research, Vol. 175.[2] ADEME (2023). "Impacts environnementaux de l'éolien offshore: synthèse des connaissances actuelles", Rapport technique.[3] Office français de la biodiversité (2022). "Guide méthodologique pour le suivi environnemental des parcs éoliens en mer".[4] France Énergies Marines (2024). "Potentiel technique exploitable de l'éolien en mer en France", Rapport d'évaluation.[5] Direction des Affaires Maritimes, "Guide de la navigation à proximité des parcs éoliens en mer", 2022.[6] Eoliennes en mer, "Réglementation"[7] SHOM & Météo France (2023). "Atlas des vents marins des côtes françaises".[8] EDF Renouvelables (2024). "Rapport de performance du parc éolien en mer de Saint-Nazaire 2023".[9] Commission de Régulation de l'Énergie, "Rapport sur les coûts des énergies renouvelables en France", 2023.[10] EDF Renouvelables, "Étude d'impact socio-économique du parc éolien en mer de Saint-Nazaire", 2021.[11] Bureau Veritas, "Retour d'expérience sur la résistance des éoliennes offshore aux conditions météorologiques extrêmes", 2022.[12] Journal Officiel de la République Française, "Arrêté du 10 juillet 2020 relatif aux installations de production d'électricité utilisant l'énergie mécanique du vent implantées en mer", 2020.[13] RTE, Bilan prévisionnel 2022

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