Eolien offshore : un enjeu incontournable pour une France neutre en carbone
L'électrification des usages est au cœur de la transition énergétique, visant à remplacer progressivement les énergies fossiles par des sources renouvelables. Parmi les solutions, l'éolien offshore présente des atouts prometteurs pour répondre à la demande croissante d'électricité décarbonée.
1. Evolution de nos usages
2. En France, des atouts à exploiter
3. Des enjeux industriels et économiques majeurs pour la filière
4. Les "majors" au rendez-vous de ces projets d'envergure
5. Le financement participatif : permettre à chacun de participer au financement de son territoire
Dans son étude « Futurs énergétiques 2050 » 1, RTE (Réseau de Transport d’Electricité) a élaboré plusieurs scenarii pour anticiper les besoins en électrification de la France à horizon 2050. Parmi les solutions, le développement des énergies renouvelables est incontournable pour sécuriser la production.
De plus, pour atteindre les objectifs de neutralité carbone en France, l’électrification des usages et la production d’électricité verte apparaissent comme des piliers incontournables. Actuellement les secteurs du transport, du bâtiment et de l’industrie reposent encore largement sur les énergies fossiles. L’électrification massive, couplée à une production d’électricité décarbonée, permettra de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
L’éolien offshore, ou éolien en mer, représente ainsi une solution prometteuse pour la transition énergétique mondiale. En exploitant la force des vents marins, plus réguliers et puissants qu’à terre, cette technologie permet de produire de l’électricité de manière efficace et renouvelable. De plus, avec les avancées technologiques et l’augmentation des capacités installées, l’éolien offshore devient un levier stratégique pour atteindre nos objectifs climatiques. Son développement soulève donc des défis techniques, économiques et environnementaux.
Evolution de nos usages
L'éolien en mer, ou éolien offshore, est une composante essentielle de la transition énergétique mondiale. Depuis les années 1990, il s'est principalement développé en Europe du Nord où le Danemark, le Royaume-Uni et l'Allemagne ont massivement investi sur cette technologie, bénéficiant de conditions météorologiques favorables et de zones maritimes peu profondes. Les avancées technologiques ont permis d'augmenter la puissance des éoliennes et d'améliorer le facteur de charge grâce à des vents réguliers en mer.
En France, la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) de 2015 et la loi énergie-climat de 2019 ont fixé des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de diversification des sources d'énergie avec pour objectif 40% de la production électrique d'origine renouvelable en 2030.2
Pour atteindre ces objectifs, 2 feuilles de route ont été mises en place par l'Etat :
- La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) : définit une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 2050
- La Programmation Pluriannuelle de l'énergie (PPE) : outil de pilotage qui permet de définir la politique énergétique de la France et de planifier notre sortie des énergies fossiles
Et pour atteindre la neutralité carbone à horizon 2050 tout en répondant à l'évolution de notre consommation électrique (véhicules électriques et hybrides rechargeables, pompes à chaleur, etc.), des investissements massifs sont à prévoir. Aujourd'hui, nos émissions de gaz à effet de serre sont majoritairement générées par le recours aux énergies fossiles. L'électrification de nos usages à partir d'électricité décarbonée doit donc considérablement augmenter dans les décennies à venir.
Sachant que l’énergie solaire et éolienne sont actuellement installées à un rythme 5 fois plus rapide que toutes les autres sources d’électricité combinées, cela les place comme les plus compétitives pour déployer à grande vitesse de nouvelles capacités de production d’énergie.
En France, des atouts à exploiter
La France, dotée de vastes façades maritimes, s’est engagée dans le développement de l’éolien offshore depuis près de 15 ans. Avec des débuts timides qui concernaient des appels d’offres de plusieurs centaines de MW, la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) a changé d’échelle et fixé des objectifs ambitieux, avec notamment une capacité installée de 40 gigawatts (GW) pour l’éolien en mer d’ici 2050.
Carte des projets éoliens en France (source : SER) 3
Une éolienne en mer, qu’elle soit posée sur le fond de la mer ou flottante, bénéficie de vents plus fréquents, plus forts et plus réguliers qu’à terre. Aussi, avec un littoral de 3500 kms et le 2ème gisement de vent pour l'éolien en mer en Europe, la France dispose d'atouts majeurs pour développer cette filière dans la décennie à venir.
Elle est d’ailleurs à l’avant-garde sur l’éolien flottant avec des parcs pilotes en cours de construction. Dans les appels d’offres sur l'éolien offshore, une partie du cahier des charges est d’ailleurs consacrée à l’éolien flottant, qui a pour avantages de pouvoir être installé plus loin des côtes, avec de plus grandes fermes moins visibles, et de meilleurs effets d’échelle.
Des enjeux industriels et économiques majeurs pour la filière
Le développement de l'éolien offshore s'inscrit dans une stratégie visant à renforcer l'indépendance énergétique de la France et de l'Europe. Face aux tensions géopolitiques et à la nécessité de sécuriser les approvisionnements énergétiques, l'éolien offshore offre une alternative locale et renouvelable, contribuant ainsi à la souveraineté énergétique du pays.
La France a d'ailleurs pour volonté de créer des filières industrielles de premier rang avec des acteurs de l'hexagone, avec un soutien affirmé du ministère de l’Industrie.
A titre d'exemple, l'usine de Siemens Gamesa au Havre va investir 200 millions d'euros pour produire des pales d'éoliennes parmi les plus longues du monde, renforçant ainsi la compétitivité française face à la concurrence internationale, notamment chinoise.
Cette technologie est également créatrice d'emplois. En effet, en 2022 l’Etat et la filière de l’éolien en mer ont signé un pacte dans lequel la filière s’engage à quadrupler le nombre d’emplois directs et indirects liés à l’éolien en mer d’ici à 2035 (20 000 emplois) et à engager 40 milliards d’euros d’investissement dans les 15 prochaines années.
Les "majors" au rendez-vous de ces projets d'envergure
Afin de produire de grosses capacités dans un calendrier compatible avec nos besoins et à tarif compétitif, il est essentiel de s'appuyer sur des entreprises robustes qui bénéficient d'une expertise avérée et ont la capacité de gérer la construction, l'exploitation et la maintenance des parcs.
On constate que pour des projets représentant des investissements atteignant jusque 5 milliards d’euros, on voit souvent s’associer des services publics français et étrangers et des PME françaises de premier plan.
Par exemple, pour le 1er appel d’offres multiparcs éoliens en mer (AO9), qui porte sur l’extension du parc de Bretagne sud, des deux parcs en Méditerranée et celui au large de l’île d’Oléron pour une puissance de 2,5 GW, les 12 candidats pré-listés sont les leaders français et européens de leur secteur : EDF Renouvelables, Ocean Winds, Iberdrola, RWE, Shell, ENI, TotalEnergies, etc.
Ces « géants » de l’énergie, afin de répondre au mieux à ces projets, décident de signer des accords de partenariat pour répondre conjointement aux appels d'offres et ainsi multiplier les chances de les remporter.
Consulter le Pacte éolien en mer entre l'Etat et la filière
Le financement participatif : permettre à chacun de participer au financement de son territoire
L'Etat a souhaité que les territoires soient associés ces projets via des formules participatives. Aussi, dès lors que les lauréats sont nommés, ils peuvent ouvrir une part du financement global au financement participatif. Celui-ci permet aux riverains d'investir dans des projets stratégiques de leur région, qui permettent de produire de l'électricité propre à un prix compétitif et qui créent de l'emploi dans leur territoire. Des projets vertueux.
En savoir plus : Quels sont les principaux avantages à investir dans les énergies renouvelables ?
Les produits d'épargne qui sont proposés aux riverains ont un profil de risque équilibré puisque les projets sont portés par des entreprises de renom qui bénéficient de tarifs d'achat d'électricité garantis sur une durée longue.
Les riverains (résidence principale ou secondaire) qui peuvent investir dans ces projets doivent soit résider dans les départements en front de mer qui ont des éoliennes au large de leur plage, soit dans la région concernée.
Exemple : pour l'appel d'offres AO5 Sud Bretagne, les éoliennes seront installées au large du Morbihan, du Finistère et de la Loire-Atlantique. Pour un financement participatif estimé à 10 M€, les personnes qui résident dans ces 3 départements pourront investir collectivement 5 M€ tandis que les personnes résidant plus largement dans les régions Bretagne et Pays de la Loire pourront également contribuer à hauteur de 5 M€.
L'objectif de ces collectes est de permettre à des usagers de projet qui s’implantent dans leur région de se les approprier et d’y être associés financièrement.
Consultez la liste des projets et donnez-vous l'opportunité d'investir dans les projets locaux qui accompagnent la transition énergétique dans les territoires.
1 source : https://www.rte-france.com/analyses-tendances-et-prospectives/bilan-previsionnel-2050-futurs-energetiques
2 source : https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-energies-renouvelables-2022/3-objectif-2030-et-situation-actuelle
3 source : https://www.syndicat-energies-renouvelables.fr/wp-content/uploads/basedoc/ser-qr-eolienoffshore202405_web-rvb.pdf