L’empreinte eau : une donnée aussi importante que l’empreinte carbone pour réussir notre transition écologique

L'empreinte eau, ou "water footprint" en anglais, est un indicateur environnemental qui mesure la quantité totale d'eau douce utilisée directement ou indirectement pour produire des biens et des services. Ce concept permet d’évaluer la pression exercée par une personne, une entreprise ou une nation sur les ressources en eau. Il s'agit d'une manière de quantifier l'impact de la consommation humaine sur les ressources hydriques à travers différentes chaînes de production et d’utilisation. 

 

Trois catégories de l’empreinte eau 

L’empreinte eau est divisée en trois catégories principales : l’eau bleue, l’eau verte et l’eau grise.  

  • L'eau bleue représente l’eau de surface et l'eau souterraine utilisée pour l’irrigation, la production industrielle ou la consommation domestique.  
  • L’eau verte correspond à l’eau de pluie qui est absorbée par les sols ou utilisée par les plantes.  
  • Enfin, l’eau grise désigne la quantité d’eau nécessaire pour diluer les polluants et maintenir une qualité d'eau acceptable après des processus de production. 

Par exemple, la production d'un kilogramme de viande de bœuf peut nécessiter environ 15 000 litres d'eau, tandis que celle d'un kilo de riz requiert environ 2 500 litres. Ces chiffres incluent non seulement l’eau utilisée directement pour arroser les cultures ou abreuver les animaux, mais aussi celle nécessaire pour produire l'alimentation du bétail ou traiter les effluents liés à la production 1. 

 

 

« L’eau verte et l’eau bleue peuvent facilement se calculer. Surtout dans le domaine agricole, avec les besoins en eau des plantes ou des animaux. La séparation eau verte / eau bleue se fait ensuite selon la quantité d’eau utilisée issue de l’eau de pluie ou issue des prélèvements. Le calcul de l’eau grise est plus complexe. Il prend en compte le polluant le plus critique et la concentration maximale acceptable de polluant (normes mondiales) ».2 

 

Pour calculer votre empreinte eau. 

 

Raréfaction de l’eau : quels risques pour l’humanité ? 

La raréfaction de l’eau constitue l’une des plus grandes menaces pour l’humanité au 21e siècle, affectant non seulement la survie des populations humaines, mais aussi l’équilibre des écosystèmes et la stabilité géopolitique.  

L’eau douce représente seulement 2,5 % des réserves globales d’eau sur Terre, dont une part significative est enfermée dans les glaciers et les calottes glaciaires (seulement 0,5% est donc disponible).3 Cette ressource limitée est déjà sous pression, et la combinaison du changement climatique, de l’explosion démographique, de l’urbanisation croissante et des pratiques agricoles intensives exacerbe encore plus la crise hydrique. 

 

Impact sur la santé humaine 

Le risque immédiat pour l’humanité est l’accès restreint à l’eau potable, élément indispensable à la vie. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 2,2 milliards de personnes n'ont pas accès à de l'eau potable salubre4. La raréfaction de cette ressource vitale pourrait intensifier les crises sanitaires dans les régions où l’accès à l’eau est déjà insuffisant. 

 

Risques agricoles et alimentaires 

L’agriculture est de loin le plus grand consommateur d’eau douce, représentant environ 70% de l’utilisation mondiale d'eau5. La raréfaction de l'eau menace donc directement la production alimentaire. Les systèmes d’irrigation intensifs assèchent les nappes phréatiques, et le stress hydrique peut réduire les rendements agricoles, affectant la production de denrées de base comme le blé, le riz et le maïs.  

Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la sécurité alimentaire mondiale est en danger si les réserves d'eau douce continuent de diminuer, particulièrement dans les pays en développement, où l'irrigation est essentielle pour garantir une production régulière.

Les sécheresses prolongées, déjà observées dans des régions comme la Californie, l'Australie et l'Afrique de l'Est, compromettent encore davantage les récoltes et les moyens de subsistance des populations. 

 

Crises géopolitiques 

La raréfaction de l'eau constitue également un facteur de tension géopolitique. Les ressources en eau ne sont pas réparties uniformément à travers le globe, et les bassins fluviaux traversent souvent plusieurs pays, comme c'est le cas du Nil, du Tigre et de l'Euphrate, ou encore du Mékong.

Lorsque les ressources hydriques sont insuffisantes, les conflits pour leur contrôle se multiplient. L’Égypte, l'Éthiopie et le Soudan, par exemple, se disputent depuis plusieurs années le contrôle des eaux du Nil, cruciales pour l’irrigation et la production d’électricité.

En Asie centrale et au Moyen-Orient, l’accès à l’eau est un enjeu majeur, capable d’enflammer des tensions historiques. Selon des experts, les "guerres de l'eau" pourraient devenir de plus en plus fréquentes à mesure que la demande croît et que les réserves s’amenuisent. 

 

Perturbation des écosystèmes 

La réduction des débits fluviaux et le tarissement des nappes souterraines affectent les habitats naturels, détruisant des zones humides et des rivières, qui sont des réservoirs de biodiversité essentiels. L'assèchement de certains lacs, comme celui du lac Tchad en Afrique, autrefois l’un des plus grands réservoirs d'eau douce du continent, montre à quel point la crise de l’eau peut perturber à la fois les écosystèmes et les populations humaines qui en dépendent.

Les changements dans les régimes hydrologiques entraînent également des extinctions d’espèces, des migrations d’animaux et des perturbations des cycles biologiques, créant un déséquilibre environnemental profond. 

 

Changement climatique et amplification du problème 

La hausse des températures augmente également l’évaporation des réserves d'eau douce, réduisant ainsi leur disponibilité. Paradoxalement, le changement climatique entraîne aussi des inondations dévastatrices dans certaines régions, altérant les infrastructures d’approvisionnement en eau et contaminant les sources d’eau potable. Ce déséquilibre climatique fragilise les systèmes hydriques mondiaux et pourrait conduire à des crises encore plus graves. 

 

 

Quelles sont les activités les plus gourmandes en eau et comment les réduire ? 

 

L’agriculture intensive 

 

 

L'agriculture, qui représente environ 70% de la consommation mondiale d'eau douce, est souvent pointée du doigt pour son utilisation inefficace de l'eau. Dans les systèmes d'irrigation traditionnels, comme les arrosages par aspersion ou par surface, jusqu'à 60% de l'eau peut s'évaporer avant même d’atteindre les plantes. L'irrigation à outrance dans des régions arides, souvent pour des cultures non adaptées à ces climats (comme le coton, les amandes ou les noix), aggrave le problème. Par exemple, il faut en moyenne 9 000 litres d'eau pour produire un kilo de coton, une culture qui se pratique dans des zones déjà sujettes au stress hydrique comme l'Inde ou la Californie. 

Solutions : L'irrigation goutte à goutte, qui délivre l'eau directement aux racines des plantes, peut réduire la consommation d'eau jusqu'à 50 % par rapport aux systèmes traditionnels. De plus, le choix de cultures adaptées au climat local (agriculture "xerophytique"), comme les plantes résistantes à la sécheresse, pourrait considérablement diminuer l'empreinte eau. Le recours aux pratiques agroécologiques, qui maintiennent la fertilité des sols et leur capacité à retenir l'eau, peut aussi contribuer à une gestion plus durable. 

 

Industrie textile et fast fashion

L'industrie textile, et particulièrement la fast fashion, est un autre secteur vorace en eau. Outre la quantité d'eau utilisée pour la culture des matières premières comme le coton, des millions de litres d'eau sont également nécessaires pour le traitement chimique des textiles, y compris la teinture et le lavage. De plus, une grande partie de cette eau est polluée par des produits chimiques toxiques avant d'être rejetée dans les cours d'eau, créant une empreinte eau grise significative. Ce modèle industriel, basé sur une consommation rapide et jetable des vêtements, exacerbe ce gaspillage. 

Solutions : Un changement vers un modèle de production plus durable, comme la mode éthique ou circulaire, pourrait réduire la demande en eau. Cela implique de produire moins, de prolonger la durée de vie des vêtements et d'adopter des technologies de teinture et de traitement plus économes en eau. L’utilisation de fibres alternatives, comme le chanvre ou le lin, qui nécessitent moins d’eau que le coton, pourrait aussi aider à réduire la consommation. 

 

Production de viande et d’aliments d’origine animale 

La production de viande nécessite non seulement de l’eau pour abreuver les animaux, mais aussi pour cultiver les céréales et fourrages qui les nourrissent. Les terres agricoles dans le monde sont utilisées au moins à 70% pour l’élevage, selon l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) et plusieurs rapports de l’Organisation des Nations unies. 

Solutions : La réduction de la consommation de viande, en particulier de viande rouge, au profit d’une alimentation plus végétale pourrait réduire significativement l'empreinte eau alimentaire. De plus, l'élevage extensif (plutôt qu’intensif) et l'adoption de méthodes agroécologiques pour nourrir les animaux réduisent la consommation d’eau liée à l'alimentation animale. 

 

Usage domestique excessif 

Dans les pays développés, une part importante de l'eau potable est gaspillée dans les usages domestiques, souvent par négligence ou par mauvaise conception des infrastructures. L'arrosage des pelouses, le remplissage des piscines, les douches longues, les fuites non réparées et l'utilisation d'appareils ménagers inefficaces sont autant de sources de gaspillage. 

Solutions : Pour réduire la consommation domestique d'eau, il est essentiel de promouvoir l'installation de dispositifs économes en eau, comme les pommeaux de douche à faible débit, les toilettes à double chasse, et les lave-linge et lave-vaisselle écoénergétiques. L'utilisation d’eaux grises (eaux de lavage réutilisées pour l’arrosage des plantes) peut également réduire le gaspillage. Par ailleurs, des pratiques plus durables comme le xeriscaping, qui consiste à aménager des jardins avec des plantes locales résistantes à la sécheresse, éliminent le besoin d’arrosage régulier. 

 

Industrie énergétique, notamment les combustibles fossiles

 

 

L’industrie de l'énergie, et en particulier les combustibles fossiles comme le pétrole et le gaz naturel, consomme également d'importantes quantités d'eau, notamment pour le forage, la fracturation hydraulique (fracking), et le refroidissement des centrales thermiques. Ces processus nécessitent non seulement de grandes quantités d'eau douce, mais polluent aussi les nappes phréatiques et les rivières, rendant l’eau inutilisable par la suite. La production de biocarburants, souvent considérée comme une alternative verte, utilise également de grandes quantités d'eau pour cultiver les matières premières nécessaires. 

Solutions : Pour réduire cette consommation d’eau, il est crucial d’accélérer la transition vers les énergies renouvelables, telles que l’énergie solaire ou éolienne, qui requièrent beaucoup moins d’eau pour fonctionner. L’amélioration des systèmes de refroidissement des centrales et l’utilisation de technologies de recirculation de l’eau dans les processus industriels sont également des solutions viables pour limiter l'empreinte hydrique de la production d'énergie. 

 

Soutenir le développement des énergies renouvelables

 


Sources :(1) https://www.waterfootprint.org/resources/interactive-tools/product-gallery/(2) https://www.eaudyssee.org/empreinte-eau-explications/(3) https://www.un.org/fr/climatechange/science/climate-issues/water(4) https://www.un.org/fr/desa/new-un-water-development-report(5) https://blogs.worldbank.org/fr/opendata/graphique-70-de-l-eau-douce-est-utilisee-pour-l-agriculture

 

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