Inauguration de la centrale Hydroélectrique du Merlet : Interviews porteur de projet et investisseur
En novembre 2022, 201 investisseurs ont eu l’opportunité de participer au financement d’une centrale hydroélectrique située sur la commune de Saint-Alban-des-Villards (73).
Hydrocop, acteur majeur du développement de la petite hydroélectricité en France, a été à l’initiative de cette collecte permettant de faciliter l'investissement local dans la transition énergétique de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Le projet "Eaux du Merlet" ayant pour forte volonté de permettre aux habitants d’investir dans la centrale hydroélectrique localisée dans le département de la Savoie, et de prendre activement part à la transition énergétique de leur territoire.
Au total, ce sont 600 000 euros récoltés qui ont contribué à favoriser l'utilisation d'une ressource naturelle et renouvelable. L’hydroélectricité est une source d’énergie renouvelable disposant de nombreux atouts comme la rentabilité et la maîtrise de la production ainsi que la réduction des impacts sociaux et environnementaux.
Revenons sur ce projet qui est un bel exemple d'engagement citoyen et qui a permis aux investisseurs d’orienter leur épargne vers un projet local à impact positif :
- L’hydroélectricité au cœur de la transition énergétique : Zoom sur le projet Eaux du Merlet
- Hydrocop, le 4ème producteur d’hydroélectricité en France : Interview de Céline Martinet, Directrice Générale Adjointe du groupe Hydrocop
- Inauguration de la centrale Hydroélectrique
- Rencontre avec un investisseur
Retour sur le projet hydroélectrique du Merlet et l’importance de l’hydroélectricité
Située au sein du massif Alpin de Belledonne, dans le vallon et sur le torrent du Merlet, cette centrale d’une puissance installée de 3.3 MW, représente un productible annuel d’environ 11.4 GWh d’énergie renouvelable et locale. Cela équivaut à la consommation d’électricité de 9 700 habitants et permet d'éviter l'émission de 5 700 tonnes de CO2 par an.
La microcentrale est constituée d’un bâtiment de 150 m2, d’architecture locale et entièrement insonorisé, en amont du pont du Merlet à 1 063 m d’altitude.
L’hydroélectricité, un pilier de la transition énergétique
C’est à partir du 19e siècle, avec l’apparition et la massification de la production d’électricité, qu’est inventé le moteur hydraulique. Couplée à une turbine, cette dynamo permet de transformer l’énergie mécanique de l’eau en énergie électrique : c’est la naissance de l’énergie hydroélectrique.
Aujourd’hui, ses installations offrent un environnement sain et non pollué, une biodiversité respectée, et la production d’énergie renouvelable. La petite hydroélectricité ne consomme pas d'eau : chaque goutte prélevée dans les rivières leur est rendue.
Face aux défis des communes fortement investies dans la transition énergétique, l’hydroélectricité s’inscrit parfaitement dans leur démarche de territoire à énergie positive (TEPOS), consistant à atteindre en 2050 l’équilibre entre production et consommation d’énergie. Cette démarche repose sur trois piliers :
- favoriser la sobriété énergétique
- développer la performance énergétique
- encourager la production locale d'énergies renouvelables
Menée localement, elle permet de réduire la facture énergétique des collectivités et des habitants.
Les territoires de montagne constituent un lieu privilégié pour les installations hydroélectriques, du fait des dénivelés, des précipitations qui augmentent avec l’altitude et des réserves d’eau sous forme de neige et de glace.
L’énergie hydraulique en France offre de belles performances et perspectives de développement aux territoires en leur permettant de valoriser une énergie propre et renouvelable, à consommer localement.
De plus, le prix de cette énergie est compétitif, car le coût de production est particulièrement faible. Les petites centrales hydrauliques, comme celle du Merlet, répondent à des normes strictes pour protéger l’écosystème de la rivière et ont un excellent bilan énergétique.
La centrale permet, dans le cas où elle dispose d’un réservoir, un stockage de l’électricité et apporte une contribution à la stabilité du système électrique. Cette source d’énergie maîtrisée permet de connaître et de gérer la capacité de production d’une installation grâce au débit des cours d’eau qui est prévisible et celui des barrages qui est contrôlé.
Hydrocop, le 4ème producteur d’hydroélectricité en France
Avec 39 centrales en exploitation, le Groupe Hydrocop est spécialisé et dédié à l’hydroélectricité depuis 2011. Né du regroupement d’entreprises locales d’énergie souhaitant développer des projets d’acquisition ou de construction d’installations hydroélectriques, le groupe assure une partie de leur approvisionnement en électricité renouvelable.
Hydrocop joue un rôle important dans la transition énergétique des communes en les accompagnant dans l’optimisation de leur patrimoine hydraulique.
Entretien avec Céline Martinet, Directrice Générale Adjointe du groupe Hydrocop, que nous remercions chaleureusement pour ses réponses détaillées :
Combien de temps faut-il pour qu’un tel projet puisse voir le jour ?
Le développement d’un nouveau projet hydroélectrique est toujours long en France. Il faut compter entre 5 et 10 ans pour établir l’ensemble des études techniques et réglementaires nécessaires, et mener à bien les travaux de construction.
Concernant le Merlet, il a fallu 7 ans, entre le lancement du projet en 2017 avec la réponse à l’appel d’offre de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) pour soutenir le développement d’installations de petite hydroélectricité et la mise en service de l’installation en 2024.
Pourquoi cette forte volonté d'associer les habitants au développement du territoire ?
La particularité de ce projet est d’être portée par une SEM (Société d'Économie Mixte) : il s’agit vraiment d’une co-construction de projet, avec une gouvernance partagée, où toutes les décisions structurantes sont prises en concertation entre la commune de Saint Alban des Villards et Hydrocop.
A partir de là, associer les habitants du territoire au développement de ce projet apparaissait comme une évidence.
Le choix du lieu a-t-il été déterminant dans la validation du projet ?
Le choix du lieu d’implantation est en effet fondamental pour assurer le succès d’un projet. Le torrent du Merlet cochait toutes les cases : une hydrologie soutenue et une chute importante qui conférait au projet une puissance suffisamment intéressante pour en garantir sa rentabilité, mais aussi un environnement favorable, sans enjeu fort qui aurait pu compromettre son acceptabilité locale, et surtout un soutien sans faille de la collectivité.
Pourquoi avoir choisi d’implanter la microcentrale sur ce site en particulier ?
Le site présentait comme on l’a dit précédemment tous les atouts pour mener avec succès un projet hydroélectrique : forte hydrologie, chute importante, faibles enjeux environnementaux, configuration favorable à l’implantation des infrastructures, …
Mais surtout, le projet du Merlet fait suite au projet hydroélectrique du Bâcheux, développé en 2012 dans la combe voisine de celle du Merlet, via une SEM regroupant les 2 communes de Saint Etienne de Cuines et Saint Alban des Villards. Le lien unissant la commune de Saint Alban des Villards et Hydrocop était donc déjà bien présent, ce qui a facilité le projet du Merlet.
Pouvez-vous nous expliquer le concept de l’hydroélectricité ?
L’hydroélectricité consiste à produire de l’énergie à partir de la force de l’eau : l’énergie cinétique du courant d’eau est ainsi transformée en énergie mécanique par une turbine, puis en énergie électrique par un alternateur.
C’est une énergie renouvelable et locale, particulièrement bien adaptée aux territoires de montagne.
Quelles ont été les raisons de choisir la plateforme Lumo pour concrétiser le financement participatif de ce projet ?
Nous avons choisi la plateforme LUMO car c’est un acteur reconnu dans le secteur du financement participatif. De plus, nous avions déjà travaillé avec LUMO lors de la création de la centrale hydroélectrique de Boussant en 2018, et l’opération s’était très bien déroulée.
Comment voyez-vous, à long terme, l'impact de ce projet sur le territoire local, tant au niveau environnemental qu'économique ?
L’aménagement hydroélectrique du Merlet est le frère jumeau de l’aménagement hydroélectrique mis en place en 2012 sur le torrent du Bâcheux, une combe voisine et parallèle au Merlet.
Le suivi environnemental imposé par l’administration et réalisé sur le Bâcheux pendant 5 ans prouve que ce type d’aménagement est très bien intégré dans son environnement, et qu’il n’a pas d’impact négatif sur les milieux. Il en sera de même pour le torrent du Merlet, qui présente les mêmes spécificités en termes de faciès d’écoulement, de qualité des eaux ou de peuplement piscicole.
Sur le plan économique, les retombées seront importantes pour la collectivité, à la fois via les dividendes perçus en tant qu’actionnaire majoritaire de la SEM mais aussi via les différentes taxes et assimilés, ce qui est loin d’être négligeable au vu des baisses régulières des dotations de l’Etat aux communes.
De quelles façons accompagnez-vous les collectivités dans la valorisation énergétique de leur territoire ?
Le Groupe Hydrocop est un groupe à actionnariat majoritairement public, au service des collectivités. Il est ainsi un partenaire naturel des collectivités souhaitant développer le potentiel énergétique de leur territoire.
Ce partenariat peut prendre plusieurs formes, en fonction des attentes et de l’implication de la commune.
Ici, dans le cadre du projet du Merlet, ce partenariat s’est mis en place sous la forme d’une SEM, une Société d’Economie Mixte, une façon pour la commune de garder la main sur le développement de son territoire et d’être partie prenante de toutes les décisions clés du projet.
Mais Hydrocop n’a pas de schéma préconçu, le groupe s’adapte en permanence aux souhaits de chaque collectivité.
Inauguration de la centrale Hydroélectrique
Le GROUPE Hydrocop a inauguré le 27 septembre 2024 sa nouvelle centrale hydroélectrique.
Cette centrale vient s’intégrer au parc d’Hydrocop, qui possède déjà trois autres centrales hydroélectriques en Savoie, mises en service ces douze dernières années.
Pour l’occasion, près de 120 personnes étaient réunies.
Après la visite des installations, un temps de discours s’est articulé autour des interventions de :
- Jacqueline DUPENLOUP, maire de Saint Alban des Villards, et présidente de la SEM les Forces du Merlet
- Jean-Eric CARRE, Directeur Général d’HYDROCOP
- Christophe REINERT, directeur territorial des 2 Savoie pour ENEDIS
- Émilie BONNIVARD, députée de la 3° circonscription de la Savoie
Cette centrale a la particularité d’être portée par une Société d’Economie Mixte, dans laquelle l’actionnaire publique est la commune savoyarde de Saint Alban des Villards, et l’actionnaire privé la société HYDROCOP. Une manière pour Hydrocop d’affirmer une nouvelle fois son ancrage dans les territoires.
Investir dans la transition énergétique : rencontre investisseurs
Célébrer une inauguration en compagnie d’investisseurs engagés est toujours un moment de satisfaction et de partage.
Christian, lumonaute ayant investi pour la première fois sur du financement participatif via ce projet, a accepté de participer à l’exercice de l’interview en nous expliquant les raisons de son investissement dans cette centrale.
Nous en profitons pour le saluer chaleureusement et le remercier pour sa participation.
En ce moment sur la plateforme, de nombreux projets locaux sont ouverts à l’investissement citoyen. N’hésitez pas à y participer en fonction de votre éligibilité ou à en parler à votre entourage et au plaisir de se retrouver pour une prochaine inauguration !