Une septième « limite planétaire » – l’acidification de l’océan – en passe d’être franchie

Le dernier rapport de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact du climat (PIK) met en garde contre un nouveau seuil critique : l’acidification de l’océan. Alors que six « limites planétaires » ont déjà été franchies et que le dernier rapport de la WWF indique que 73% des populations de vertébrés sauvages ont disparu depuis 1970, ces nouvelles alertes soulignent, une fois de plus, l’urgence de réévaluer notre impact sur les écosystèmes mondiaux et les conditions de vie sur Terre. 

 

  1. Les limites planétaires : un cadre de survie pour l'humanité
  2. L'acidification des océans : quelles conséquences pour la planète ?
  3. Une course contre la montre
  4. Que faire concrètement pour lutter contre l'acifification des océans ?

 

 

Les limites planétaires : un cadre de survie pour l’humanité 

Le concept des limites planétaires a été introduit en 2009 par un groupe de scientifiques, dirigé par Johan Rockström du Stockholm Resilience Centre. Ce modèle identifie neuf frontières écologiques cruciales pour la stabilité de la planète, qui, si elles sont franchies, risquent de rendre la Terre inhabitable ou de déstabiliser les conditions qui ont permis le développement humain depuis l’époque holocène. Chaque limite correspond à une dimension spécifique de l’environnement mondial, définie scientifiquement par des seuils à ne pas dépasser pour maintenir des conditions de vie stables. 

 

 

L’acidification des océans : quelles conséquences pour la planète ? 

L’acidification des océans résulte d’un excès de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère, principalement dû à l’activité humaine (combustion des énergies fossiles, déforestation, production industrielle). Les océans absorbent environ un tiers du CO2 émis, et cette absorption modifie leur chimie. Plus précisément, le CO2 réagit avec l’eau de mer pour former de l’acide carbonique, abaissant ainsi le pH des océans. Depuis la révolution industrielle, le pH des océans a chuté de 0,1 unité, soit une acidité accrue de 30 %. 

Les conséquences de cette acidification sont multiples. Tout d’abord, l’acidification affecte directement les écosystèmes marins, en particulier les organismes calcifiants comme les coraux, les mollusques et certaines espèces de plancton. Ces organismes, qui jouent un rôle central dans la chaîne alimentaire marine, ont du mal à construire leurs coquilles ou leurs squelettes à base de carbonate de calcium dans un environnement acide. Cela fragilise les récifs coralliens, considérés comme les poumons des océans, qui abritent près de 25 % des espèces marines. La mort des récifs aurait des conséquences catastrophiques pour la biodiversité marine. 

 

 

Ensuite, la réduction du nombre de certaines espèces de plancton pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble de la chaîne alimentaire océanique. Les poissons qui se nourrissent de plancton, tels que les anchois et les sardines, pourraient voir leurs populations diminuer, ce qui affecterait également les espèces qui dépendent de ces poissons, y compris les humains. 

Au-delà des écosystèmes marins, les océans jouent un rôle clé dans la régulation du climat mondial. En absorbant une grande partie du CO2 atmosphérique et en stockant la chaleur, ils tempèrent les effets du changement climatique. Toutefois, une augmentation continue de l’acidification pourrait réduire cette capacité à capter le CO2, augmentant ainsi la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et accélérant le réchauffement climatique. 


Les communautés côtières et les pays qui dépendent de la pêche et du tourisme seront parmi les plus affectés par l’acidification. La dégradation des récifs coralliens et la diminution des stocks de poissons entraîneront des pertes financières majeures, avec des répercussions sociales et économiques gravissimes.
 

 

Une course contre la montre 

L’alerte du PIK sur l’imminence du franchissement de cette septième limite planétaire témoigne d’une urgence extrême. Si l’humanité persiste à émettre des quantités record de CO2 et à ignorer les signaux d’alarme écologiques, les conséquences seront irréversibles. La science est claire : les océans ne sont pas des puits inépuisables, capables d’absorber indéfiniment les excès des activités humaines. 

Ce franchissement pourrait être un point de non-retour pour l’équilibre océanique et, par extension, pour l’ensemble du système terrestre.

 

Pour aller plus loin : Le développement peut-il être durable ?

 

Que faire concrètement pour lutter contre l'acidification des océans ?

 

  • La première étape essentielle pour ralentir l’acidification des océans est de réduire les émissions de CO2, car c’est la principale cause de ce phénomène. Cela passe par une transition rapide et massive vers les énergies renouvelables, telles que l’énergie solaire, éolienne et hydraulique, et l'abandon progressif des combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel). 

  • Les gouvernements doivent également renforcer leurs engagements climatiques dans le cadre de l’Accord de Paris, en respectant et en dépassant les objectifs de réduction des émissions fixés. En adoptant des politiques favorisant l’efficacité énergétique, le déploiement des technologies bas carbone, et la tarification du carbone (comme les taxes sur les émissions ou les marchés du carbone), il est possible de diminuer de manière significative la quantité de CO2 relâchée dans l’atmosphère. 

Soutenir les énergies renouvelables

 

  • Créer et étendre les aires marines protégées (AMP) peut contribuer à limiter l’impact des activités humaines sur ces écosystèmes vulnérables. Les AMP permettent de préserver des habitats critiques, réduisant ainsi la pression sur des espèces déjà affectées par les changements chimiques dans l’océan. La restauration des mangroves, des marais salants et des herbiers marins, tous essentiels à la séquestration du carbone, est aussi une priorité. 

  • En outre, encourager des pratiques de pêche durables et réduire la surpêche aiderait à maintenir l’équilibre des écosystèmes marins, dont l’acidification pourrait bouleverser les dynamiques. La pêche excessive affaiblit déjà les populations de poissons et autres organismes marins qui subissent des stress supplémentaires à cause de la dégradation chimique de l'eau. 

  • Mettre en place des réglementations strictes sur les rejets agricoles et industriels et de promouvoir des méthodes agricoles durables, réduisant l’utilisation excessive d’engrais chimiques. En outre, investir dans des systèmes de traitement des eaux usées plus efficaces permettrait de limiter la quantité de polluants entrant dans les écosystèmes marins. 

 


Sources :
(1) https://www.planetaryhealthcheck.org/planetary-science

 

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