Semaine de la mobilité durable 2024 : Comment décarboner nos modes de transport ?
Du 16 au 22 septembre 2024 se tiendra la 23ème édition de la Semaine européenne de la mobilité durable.
En 2024 le thème choisi par la commission est « Les espaces publics partagés ». Redonner de l’espace aux différents usagers de la rue est un enjeu essentiel pour les villes et villages, permettant de favoriser les modes de déplacement actifs tout en dynamisant la vie locale.
- Comprendre l’usage des transports en France pour mieux l’adapter à chaque situation
- Comment réduire les temps de trajet et décarboner les modes de transport en fonction des lieux d’habitation ?
- Oui à la mobilité électrique mais à condition qu'elle provienne de sources renouvelables
Comprendre l’usage des transports en France pour mieux l’adapter à chaque situation
L’enquête de 2019 menée par le ministère des Transports reste à ce jour la plus éclairante pour comprendre comment relier les espaces et les territoires entre eux1.
Les habitants des communes denses, représentant 38 % de la population, réalisent 22 % de leurs déplacements sur des distances inférieures à 1 km, contre 13 % pour les communes rurales (33 % de la population). À l'inverse, 40 % des déplacements dans les communes rurales sont compris entre 10 et 100 km, contre seulement 18 % dans les zones denses, où la marche et les transports en commun sont privilégiés.
Répartition du nombre de déplacements par classe de distance et selon la densité de commune de résidence
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Plus de la moitié des distances parcourues par les habitants des communes rurales (53 %) concernent des déplacements entre 10 et 100 km. C’est presque deux fois plus que pour les urbains (28 %).
Pour ces derniers, environ 29 % des distances parcourues concernent des déplacements de 1 000 km ou plus, une part nettement supérieure à celle des habitants des communes de densité intermédiaire (19 %) et des communes rurales (15 %).
Répartition des distances parcourues par classe de distance et selon la densité de commune de résidence
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La voiture est responsable de 93 % des émissions directes de gaz à effet de serre pour les trajets inférieurs à 1 000 km, tandis que l'avion génère 86 % des émissions pour les trajets supérieurs à cette distance, chiffre qui atteint 92 % lorsqu'on inclut les effets non-CO2. Les habitants des communes rurales, représentant 33 % de la population, génèrent 42 % des émissions directes, dont 60 % proviennent de déplacements de 10 à 100 km majoritairement en voiture. En revanche, les habitants des communes denses, qui représentent 38 % de la population, sont responsables de 31 % des émissions directes, une proportion inférieure à leur poids démographique, avec 28 % de ces émissions dues à des trajets de plus de 1 000 km.
Répartition des émissions de gaz à effet de serre directes par classe de distance et selon la densité de commune de résidence
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Répartition des émissions de gaz à effet de serre (amont et traînées de condensation compris) par classe de distance et selon la densité de commune de résidence
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Comment réduire les temps de trajet et décarboner les modes de transport en fonction des lieux d’habitation ?
Comme le démontrent les chiffres ci-dessus, en milieu rural, les habitants sont davantage dépendants de la voiture pour leurs déplacements quotidiens, en raison des distances souvent plus longues qu'ils doivent parcourir.
En revanche, les habitants des zones urbaines, qui bénéficient d'une meilleure accessibilité aux transports en commun et d'infrastructures favorisant la marche, réalisent plus de trajets courts et sont moins dépendants de la voiture au quotidien. Toutefois, ils voyagent plus souvent sur de longues distances, notamment en avion.
Il est possible de concilier les besoins des ruraux et des urbains en adoptant une approche différenciée, qui tient compte des spécificités de chaque territoire.
1. Développement des Infrastructures intermodales
Le développement et l'amélioration des infrastructures sont essentiels pour encourager les mobilités douces comme la marche, le vélo, et l'utilisation des transports en commun. Cela peut inclure :
- Aménagement de pistes cyclables sécurisées : La création et l'entretien de réseaux de pistes cyclables continus et sécurisés sont cruciaux pour rendre le vélo une alternative viable à la voiture, que ce soit en zone rural comme en zone urbaine.
- Espaces piétons : L'extension des zones piétonnes, ainsi que l'amélioration des trottoirs et des passages pour piétons, peuvent encourager la marche en rendant les trajets à pied plus agréables et sûrs.
- Intermodalité : Développer des hubs de transport qui facilitent la combinaison de plusieurs modes de transport doux, par exemple en intégrant les stations de vélos en libre-service avec les gares de trains et de bus.
2. Incitations Financières et Fiscales
Les incitations économiques peuvent jouer un rôle déterminant pour modifier les comportements individuels et collectifs :
- Subventions pour l'achat de vélos électriques : Proposer des aides financières pour l'achat de vélos électriques peut encourager leur adoption, surtout dans les zones où les distances à parcourir sont longues.
- Tarification incitative des transports en commun : Réduire le coût des abonnements aux transports en commun ou introduire des forfaits attractifs pour les déplacements multimodaux peut inciter les usagers à laisser leur voiture au profit de modes de transport plus doux.
- Taxation des véhicules polluants et/ou subventions pour les véhicules propres : Mettre en place des taxes supplémentaires sur les véhicules les plus polluants, comme les SUV, et utiliser les fonds ainsi générés pour financer les infrastructures de mobilité douce ou à faible émission carbone.
3. Partage et Innovation
L'innovation technologique peut également jouer un rôle clé dans l'encouragement des mobilités douces :
- Applications de mobilité : Développer et promouvoir des applications qui facilitent la planification des trajets en mobilités douces, en intégrant les offres de covoiturage, de location de vélos, et d'autres services de mobilité partagée.
- Véhicules partagés : Encourager l'utilisation de transports partagés, particulièrement pour les trajets de courte distance.
4. Incitation des Entreprises
Les entreprises peuvent être des acteurs clés dans la promotion des mobilités douces parmi leurs employés :
- Encouragement du télétravail : Faciliter le télétravail peut réduire la nécessité de déplacements quotidiens, diminuant ainsi la dépendance à la voiture individuelle.
- Encouragement du covoiturage entre collègues
- Stationnements pour vélos : Offrir des installations de stationnement pour vélos sécurisées dans les lieux de travail et commerciaux peut encourager davantage de personnes à se déplacer à vélo.
- Stationnements prioritaires pour les covoitureurs
5. Décentralisation des services
Réduire la concentration des services essentiels dans les centres urbains pourrait diminuer la nécessité de longs trajets en voiture en favorisant l'installation de commerces de proximité, de services publics, et d'activités économiques dans les zones rurales et périurbaines.
6. Privilégier le train à l’avion
L'un des leviers les plus prometteurs pour encourager les mobilités douces à longue distance est la défiscalisation du train. Aujourd'hui, le train est souvent perçu comme un moyen de transport coûteux, en partie en raison des nombreuses taxes qui pèsent sur ce secteur, contrairement à l'avion qui bénéficie d'exemptions fiscales importantes.
- Pour soutenir le développement du transport ferroviaire, il serait pertinent de mettre en place des mesures d'exonération fiscale ou des subventions pour les usagers.
- Les opérateurs ferroviaires sont soumis à diverses redevances pour l'utilisation des infrastructures, ce qui contribue au coût élevé des billets. La suppression ou la réduction de ces redevances pourrait permettre de diminuer le prix des billets, rendant le train plus attractif pour les voyageurs.
- Une autre approche complémentaire consisterait à aligner la fiscalité du transport aérien sur celle du train. Cela inclurait l'introduction d'une taxation sur le kérosène ou l'application d'une TVA sur les billets d'avion, réduisant ainsi l'avantage concurrentiel injuste dont bénéficie actuellement l'aviation par rapport au rail.
Oui à la mobilité électrique mais à condition qu'elle provienne de sources renouvelables
L'essor de la mobilité électrique marque indéniablement une étape cruciale dans la transition vers des modes de transport plus durables. Cependant, il est essentiel de souligner que l'impact écologique de cette transition dépend largement de la provenance de l'électricité utilisée pour alimenter ces véhicules.
L'électricité, si elle est produite à partir de sources renouvelables telles que l'éolien, le solaire, ou l'hydroélectricité, peut considérablement réduire les émissions de gaz à effet de serre et contribuer à atténuer les effets du changement climatique. En revanche, si cette électricité provient majoritairement de sources fossiles, comme le charbon ou le gaz naturel, l'empreinte carbone des véhicules électriques pourrait s'avérer comparable, voire supérieure à celle des véhicules traditionnels à combustion interne.
Soutenez le développement des énergies renouvelables
Outre l'électrification des transports, deux alternatives notables se profilent pour réduire l'empreinte carbone des véhicules.
Le biogaz, produit à partir de la décomposition de matières organiques comme les déchets agricoles, les ordures ménagères ou les eaux usées, constitue une solution renouvelable pour alimenter les véhicules. Il s'agit d'une source d'énergie à faible émission de carbone, notamment si sa production et son utilisation s'inscrivent dans un cycle court et local.
L'hydrogène vert représente une autre alternative prometteuse. Contrairement à l'hydrogène dit « gris », produit à partir de combustibles fossiles, l'hydrogène vert est généré par électrolyse de l'eau en utilisant de l'électricité issue de sources renouvelables. Les véhicules à hydrogène, équipés de piles à combustible, n'émettent que de la vapeur d'eau en guise de rejet, ce qui en fait une solution propre.
Et sinon, si votre mode de vie et votre condition physique vous le permettent, un bon tour en vélo ou une marche à pied restent le plus intéressant pour votre porte-monnaie, pour votre santé et pour la planète.
(1) https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/les-pratiques-de-mobilite-des-francais-varient-selon-la-densite-des-territoires