Dette Senior, Dette Junior : quel impact sur les prêts et les investissements ?
Dans l'arène complexe et dynamique du monde financier, l'un des concepts cruciaux qui façonnent les relations entre les investisseurs, les créanciers et les émetteurs est celui de la dette senior.
Ce principe, bien que souvent obscur pour le grand public, joue un rôle central dans la hiérarchie des dettes, offrant une protection et une priorité aux investisseurs qui l'utilisent. Cet article explore en profondeur le concept de dette senior, ses implications et ses exemples concrets dans le paysage financier mondial. Nous verrons en quoi elle est prioritaire à la dette dite "Junior" ou "Mezzanine".
- Une hiérarchisation de la dette
- Crowdfunding et Dette Junior : une stratégie pour éviter la dilution du capital ?
- Dette Junior et Financement Participatif : quels risques pour les investisseurs ?
- La Flexibilité dans le choix du financement
Une hiérarchisation de la dette
La dette senior, au cœur du monde financier, est une forme de financement à long terme souvent utilisée par les entreprises pour mobiliser des fonds. Elle se distingue par sa position privilégiée dans la structure de la dette d'une entreprise.
En d'autres termes, les détenteurs de dette senior (principalement les banques et certains acteurs institutionnels) ont un statut préférentiel par rapport à d'autres créanciers en cas de défaut de paiement ou de liquidation de l'entreprise.
Cette priorité est le résultat d'une hiérarchie bien établie des dettes, où la dette senior est généralement suivie de la dette junior, chacune ayant des niveaux de priorité décroissants en cas de difficultés financières. La dette senior est donc "senior" dans la mesure où elle bénéficie d'une préférence de remboursement par rapport aux autres catégories de créanciers.
Prenons un exemple concret. Supposons qu'une entreprise X soit en faillite et doive liquider ses actifs pour rembourser ses créanciers. Les détenteurs de dette senior seront les premiers à recevoir leur part des actifs, tandis que les détenteurs de dette subordonnée ou junior devront attendre leur tour, ce qui augmente le risque de perte pour ces derniers.
En France, en cas de faillite d'une entreprise, le processus de remboursement des créanciers suit un ordre strictement défini par la loi. Ce processus vise à garantir une répartition équitable des actifs restants de l'entreprise en difficulté. Voici une liste des principaux groupes de créanciers et de la manière dont ils sont remboursés, du premier au dernier :
- Les salariés : En premier lieu, les salaires et les indemnités dus aux employés sont prioritaires. Les rémunérations arriérées, y compris les salaires, les primes, les indemnités de licenciement et les cotisations sociales, sont couvertes. Cette priorité vise à protéger les droits des travailleurs.
- Les frais concernant directement la liquidation judiciaire (frais de justice, de greffe ou de mandataire)
- Les créanciers privilégiés : Les créanciers privilégiés sont généralement des organismes publics, tels que l'administration fiscale et les organismes de sécurité sociale. Les impôts, les taxes et les cotisations sociales impayées sont remboursés après les salaires des employés.
- Les créanciers garantis (Dette Senior) : Certains créanciers ont des garanties spécifiques sur les actifs de l'entreprise en faillite, comme les prêteurs qui ont pris des garanties sur des biens immobiliers ou d'autres actifs de l'entreprise. Ils sont remboursés après les salariés et les créanciers privilégiés.
- Les créanciers chirographaires (Dette Junior) : Les créanciers chirographaires sont des créanciers non garantis, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas de garanties spécifiques sur les actifs de l'entreprise. Ils sont remboursés après les créanciers privilégiés et garantis, mais avant les actionnaires.
- Les actionnaires : Les actionnaires sont les derniers à être remboursés en cas de faillite. Ils ne reçoivent des paiements que s'il reste des actifs après avoir satisfait toutes les autres catégories de créanciers. Dans la plupart des cas, les actionnaires ne reçoivent aucun remboursement.
Il est important de noter que cette hiérarchie de remboursement est générale, mais il peut y avoir des exceptions en fonction de la situation spécifique de chaque entreprise et des accords de prêt particuliers.
Crowdfunding et Dette Junior : une stratégie pour éviter la dilution du capital ?
Le crowdfunding, ou financement participatif, a connu une montée en puissance impressionnante ces dernières années. L'une de ses principales attractions réside dans sa capacité à aider les entreprises à éviter la dilution de leur capital.
Plutôt que de céder une part de l'entreprise à des investisseurs extérieurs, les entreprises peuvent lever des fonds directement auprès du public ou de groupes d'investisseurs via des plateformes de crowdfunding.
L'une des variantes du crowdfunding est le prêt participatif, qui se rapproche de la dette mezzanine en termes de fonctionnement (ou dette junior). Cependant, il présente une différence cruciale : la durée de remboursement est généralement limitée à une maturité allant de 2 à 5 ans (contrairement à un prêt bancaire qui peut courrir sur beaucoup plus longtemps).
Malgré cette différence, le prêt participatif offre aux entreprises un moyen efficace de financer leur croissance sans sacrifier une partie de leur capital.
La dette mezzanine est, par définition, subordonnée à la dette senior, ce qui signifie qu'elle ne peut être remboursée qu'après le remboursement complet de la dette senior. Elle a généralement une maturité à court/moyen terme et occupe une position intermédiaire entre les fonds propres et la dette au bilan de l'entreprise.
Plutôt que de renforcer ses fonds propres, une entreprise peut choisir d'émettre une dette mezzanine remboursable à terme. Cette option offre un effet de levier important lors de la négociation de prêts bancaires traditionnels, augmentant ainsi la capacité d'emprunt de l'entreprise.
Les entrepreneurs qui optent pour le crowdfunding pour financer leur PME trouvent donc un moyen de financer leur croissance externe, en utilisant des prêts qui s'apparentent à de la dette mezzanine. Cela leur permet de disposer rapidement de fonds supplémentaires sans diluer leur capital, une option précieuse dans certaines situations.
Dette Junior et Financement Participatif : quels risques pour les investisseurs ?
Chez Lumo, la dette de nos investisseurs est classifiée en tant que Dette Junior, ce qui signifie qu'elle est subordonnée à d'autres obligations financières en cas de défaut de paiement. La Dette Senior est, dans la très grande majorité des cas, détenue par les banques. Sa maturité se fait sur le long terme (15-20 ans) et ses intérêts sont relativement faibles (moins de 5%).
La Dette Junior obligataire dont l'entreprise est redevable auprès des lumonautes connait une maturité plus courte (3 à 5 ans) et des intérêts plus élevés (7 à 9%).
NB : Il est utile de rappeler que les performances passées ne présument pas des performances futures. Tout investissement présente des risques de pertes partielles ou totales en capital.
D'autres plateformes de crowdfunding proposent de la dette en capitale, c'est-à-dire que l'investisseur devient actionnaire de l'entreprise qu'il finance. Comme évoqué plus haut dans l'ordre de priorité des remboursements, les dettes obligataires (ce que propose Lumo en très large majorité), sont prioritaires sur le remboursement des actionnaires.
De plus, notre approche en matière de sélection des projets est très rigoureuse. Nos analystes financiers mènent une évaluation minutieuse des porteurs de projet, mettant l'accent sur la santé financière de ces derniers, la structure de leur dette, et leur capacité à générer des bénéfices, que ce soit dans le passé ou le futur.
Cette démarche vise à garantir que seuls les projets les plus solides et les plus prometteurs sont présentés aux investisseurs. Nous mettons un accent particulier sur la durabilité financière à long terme, veillant à ce que les émetteurs de dette soient en mesure de répondre à leurs obligations financières et de réaliser des profits de manière cohérente.
La Flexibilité dans le choix du financement
Le monde de l'entreprise est en constante évolution, avec de multiples options de financement disponibles. Le crowdfunding, en particulier le prêt participatif, et la dette mezzanine se démarquent comme des outils puissants pour les entreprises cherchant à financer leur croissance tout en préservant leur capital.
Les entrepreneurs peuvent ainsi choisir la solution qui convient le mieux à leurs besoins, en fonction de la durée de remboursement, de la priorité de paiement et de la structure de capital souhaitée.
En fin de compte, ces options offrent aux entreprises une flexibilité précieuse pour atteindre leurs objectifs financiers et renforcer leur position sur le marché.