Comment Lumo sélectionne ses projets à impacts positifs ?
Aujourd’hui, nous vous proposons d’aller à la rencontre de notre directeur commercial, Cédric Busin-Lehec, pour comprendre comment fonctionne la sélection des collectes proposées sur la plateforme de financement participatif Lumo.
Cédric, peux-tu nous présenter ton parcours en quelques mots ?
Je m’appelle Cédric Busin-Lehec, j’ai rejoint Lumo en décembre 2018 dans le contexte du rachat de la plateforme par Société Générale pour prendre la direction du développement commercial de la plateforme avec les entreprises qui veulent lever des fonds par collectes de financement participatif.
C’est un peu un retour aux sources pour moi car j’avais commencé ma carrière à la Société Générale il y a un peu plus de 20 ans, dans leur département fusions-acquisitions sur le secteur des nouvelles technologies. C’était au début des années 2000, donc pas forcément le contexte idéal.
Après ça, j’ai participé aux débuts de l’équipe de financement de projets d’énergies renouvelables de la banque, quand c’était encore un sujet tout nouveau, jusqu’en 2012. Puis, quelques années côté investisseurs en gestion de patrimoine, un peu de conseil financier, et enfin de 2015 à 2018 comme directeur des financements structurés pour la France chez Banco Sabadell avant de venir chez Lumo.
Pourquoi avoir rejoint Lumo et pourquoi contribuer au financement de projets écologiques ?
J’ai tout de suite vu le potentiel du projet. Jusqu’à l’encadrement du secteur par l’Autorité des Marchés Financiers en 2014, le crowdfunding concernait principalement du don, à des fins de communication, pour renforcer sa communauté : un artiste faisait la prévente de son futur album contre des avantages exclusifs, on faisait financer son prototype par un cercle élargi, au-delà de la traditionnelle « love money » de la famille et des amis.
Investir dans des projets éco-responsables
L’ambition du régulateur était vraiment de faire de ce secteur un tremplin vers les marchés financiers pour les PME et les startups : on retrouve les produits financiers classiques (actions, obligations), mais avec des procédures simplifiées qui permettent de ne pas avoir à s’équiper d’une armée d’avocats pour faire appel à l’épargne publique et ainsi contourner certaines contraintes propres aux sociétés cotées.
Aujourd’hui, le marché pèse 2,3 milliards d’euros de collecte en 2022, et ce chiffre croît d’environ +50% par an. On peut donc dire que le crowdfunding a trouvé son marché, autant du côté des entreprises que du côté des investisseurs qui nous rejoignent plus nombreux chaque jour. Les deux s’autoalimentent pour faire de nous une réelle alternative aux fonds d’investissement.
Comment sont sélectionnés les porteurs de projets présentés sur la plateforme ?
Historiquement, notre plateforme était positionnée sur le financement des énergies renouvelables, pour permettre aux citoyens de participer à des projets de centrales solaires ou éoliennes qui venaient s’implanter sur leurs territoires, à hauteur de quelques centaines de milliers d’euros.
Avec notre communauté qui s’élargit, tant chez Lumo qu’avec l’appui des réseaux de distribution du groupe Société Générale, nous pouvons désormais proposer aux émetteurs des objectifs de collecte allant jusqu’à plusieurs millions d’euros, ce qui nous permet de nous adresser à des startups en croissance, des PME et des ETI de taille moyenne pour financer leur plan de croissance.
Après une première étape focalisée sur les producteurs indépendants d’énergies renouvelables, notre métier historique, avec des profils de risque maîtrisés du fait de leurs contrats à long-terme avec EDF, nous avons récemment ouvert notre plateforme à tous les projets liés à la transition énergétique : hydrogène, mobilité douce, ou même un hypermarché qui souhaiterait installer des panneaux solaires sur ses ombrières de parking.
En général, nous proposons des financements en obligations simples :
- Qui sont plébiscités par les entreprises pour leur caractère non dilutif* par rapport à une levée de fonds classique, la possibilité de rembourser à maturité pour maximiser l’utilisation de sa trésorerie, et la simplicité de mise en place.
- Qui sont complémentaires et bien acceptés par les banques du fait d’un rang de remboursement inférieur à celui d’un prêt bancaire, en cas de problème.
* Le financement dilutif ouvre le capital à de nouveaux investisseurs tandis que le financement non- dilutif va seulement alimenter la trésorerie de l'entreprise.
Concrètement, quels sont les critères de sélection des projets de financement participatif Lumo ?
Nous sommes avant tout dans une démarche active de recherche de dossiers, avec les partenaires que nous connaissons déjà et avec qui nous avons l’habitude de collaborer dans les renouvelables, mais aussi avec d’autres entreprises qui nous viennent soit de sollicitations directes sur la plateforme, soit du réseau Société Générale, soit de notre veille interne sur la transition énergétique.
Tout le travail consiste ensuite à valider les dossiers en fonction de la pérennité du projet.
Dans les énergies renouvelables, étant donné que nous connaissons très bien le secteur, nous connaissons aussi parfaitement les entreprises fiables et susceptibles de pouvoir travailler avec Lumo. Il s’agit finalement d’un premier filtre de sélection tacite de par notre proximité avec les acteurs de cette industrie.
En règle générale, avant toute entrée en relation, nous procédons à une analyse KYC (Know Your Customer) alignée sur les standards de la banque pour nous assurer que le porteur de projet a un casier judiciaire vierge au regard des infractions dans les domaines du droit commercial, de l’insolvabilité, du droit régissant les services financiers, du droit régissant la lutte contre le blanchiment et de la lutte contre la fraude.
Le deuxième point consiste à valider l’impact environnemental et/ou social positif du projet : dans les énergies renouvelables, c’est évident, mais pour les autres secteurs, nous avons développé une méthodologie rigoureuse pour déterminer l’éligibilité d’un projet.
Nous allons ensuite procéder à une analyse du projet sur ses aspects techniques, juridiques et financiers, dont nous présentons la synthèse à notre comité de sélection, qui statue si le niveau de risques d’un projet est acceptable.
Cela comprend, entre autres, l’analyse du modèle économique de l’entreprise, la pertinence de son projet dans le contexte de la transition écologique, ses performances opérationnelles et financières passées et futures, la qualité de ses intervenants, etc. Finalement, la sélection est aussi rigoureuse que celle d’une banque traditionnelle.
Bien que les performances passées ne préjugent pas des performances futures, il est utile de rappeler que depuis plus de 10 ans, Lumo met l’accent sur la qualité des projets présentés sur la plateforme plutôt que la quantité. Ces éléments d’analyse sont mis à la disposition des investisseurs dans la page dédiée à la collecte.
NDLR : Lumo vous recommande d’être vigilant avant tout investissement. Les investissements comportent un risque d’illiquidité, un risque d’avoir un rendement inférieur aux attentes et un risque de perte totale ou partielle du montant investi. Diversifiez votre épargne, n’investissez que l’argent dont vous n’avez pas besoin à court terme et n’investissez pas dans ce que vous ne comprenez pas.
Peux-tu revenir plus en détails sur l’analyse des critères ESG pour déterminer si un projet a un réel impact positif ?
Dans le cadre des énergies renouvelables, nous acceptons tous types de projets : barrages hydroélectriques, géothermie, centrales solaires, éoliennes, marémotrices et houlomotrices… L'énergie dérivée des biocarburants, du biogaz, de la biomasse et des déchets est également incluse.
Lumo reste toutefois vigilant à l’analyse des impacts négatifs du projet et des mesures d’atténuation ou de compensation afférente, pour éviter de proposer un projet à la collecte qui engendrerait un changement d'affectation des sols, de la déforestation, ou des pertes de biodiversité substantielles.
Dans les autres secteurs, nous avons développé notre propre grille d’analyse des impacts basée sur les travaux de l’initiative financière de l’ONU Environnement pour classifier les impacts positifs d’un projet. Pour chaque impact positif mis en avant dans la page projet, une justification de l’éligibilité est nécessaire, présentée à notre comité, et mise à disposition des investisseurs dans la page projet concernée.
Nous avons également élaboré un mécanisme de vigilance environnementale et sociale spécifique pour des secteurs sensibles comme l’agriculture industrielle, l’exploitation forestière ou les barrages hydroélectriques, qui nous amène à prendre des précautions plus importantes sur les enjeux environnementaux et sociaux avant de valider un projet dans un de ces secteurs.
Le but étant d’être certain que tous les projets s’inscrivent dans une perspective d’accompagnement de la transition écologique.
Quels sont les arguments qui vous permettent de convaincre un porteur de projet de passer par une collecte de fonds via la plateforme de financements participatifs de Lumo ?
Pour résumer, une collecte de crowdfunding peut avoir un intérêt pour une entreprise dans deux cas :
- Elle souhaite communiquer ou renforcer sa communauté autour d’une collecte (chez Lumo, nous mettons l’accent sur la promotion d’initiatives liées à la RSE et la transition écologique) ;
- Elle recherche un financement complémentaire à la dette bancaire et aux fonds propres.
Notre modèle est aujourd’hui très apprécié par les acteurs impliqués dans le financement de projets éco-responsables. Le crowdfunding est encore peu connu au sein des directions financières, car les gens font plutôt l’association avec les plateformes de dons comme Leetchi ou Kickstarter, mais une fois familiarisés avec notre solution, et la marque Société Générale aidant pour « attester » de notre compétence et de la pertinence du produit, la plupart sont désormais des utilisateurs convaincus.
L'avantage pour un porteur de projet de passer par une plateforme de financement participatif reste avant tout la simplicité. Par rapport à d’autres solutions de financement qui peuvent s’offrir à lui, les contraintes et la documentation sont moindres, les process sont standardisés, moins chronophages, le produit est très flexible, on peut collecter des fonds à la demande et le reporting nécessaire est plus léger. Et puis, c’est un produit qui conserve un coût compétitif sur le marché et revient généralement moins cher, avec des taux de remboursement moins élevés.
La plupart des porteurs de projets ayant collaboré avec nous restent aujourd’hui des partenaires privilégiés avec qui nous continuons de lever régulièrement des fonds. Cela prouve bien que nous avons su rester, au fil des années, un acteur incontournable dans ce secteur.