Comprendre la neutralité carbone

Neutralité carbone. C’est une expression phare des dirigeants depuis l’Accord de Paris en 2015. Elle vise à limiter nettement en dessous de 2°C la hausse des températures à l’échelle planétaire d’ici 2050.

Mais concrètement, ça veut dire quoi et quel devrait être le mode d’emploi pour atteindre cette neutralité ?

Une définition simple pour un objectif ambitieux

Précisons pour commencer que neutralité carbone ne signifie pas zéro émissions de gaz carbonique mais zéro émissions nettes.

Autrement dit, cela implique que l’ensemble des acteurs du système économique s’engage à n’émettre que ce que les puits de carbone naturels (forêts, océans, zones humides et autres écosystèmes) ou des procédés industriels (qui restent à inventer) peuvent absorber.

Les gouvernements d’une soixantaine de pays ont gravé cet engagement dans le marbre. Peu d’initivatives concrètes sont venues servir ces intentions à ce jour et la crise sanitaire du Covid conduit à des stratégies de relance économique disparates et souvent éloignées d'un objectif de décarbonation. 

Le problème de la compensation carbone

Depuis la COP21, de nombreuses entreprises tentent de revendiquer une neutralité carbone en se basant sur 3 étapes : "Mesurer, Réduire, Compenser". Et c’est de ce dernier item que vient la difficulté. La compensation carbone est en effet un mécanisme relativement simple qui permet à une entreprise de compenser ses émissions de CO2 par l’achat de crédits carbone auprès d’acteurs qui équilibrent leurs émissions, sans qu'elle ait elle-même préalablement défini une trajectoire de réduction de ses propres émissions. Or, la neutralité carbone à atteindre, c’est-à-dire celle qui nous maintiendra en dessous de la trajectoire 1,5/2°C, ne sera effective que si ce pré-requi est rempli ... et collectif. 

Au final, la compensation est un jeu à somme nulle qui ne conduit pas à la réduction globale visée.

Ainsi, une entreprise française disposant d’un outil de production situé au Brésil ou en Indonésie, et dont le produit final est distribué en Europe, peut compenser ses émissions par des projets en Afrique.

Les émissions produites en un lieu sont alors compensées par des programmes dans un tout autre endroit. Mathématiquement, les effets négatifs d’un côté sont annulés par les efforts "positifs" de l’autre. On comprend aisément les limites de ce mécanisme qui ne présente aucune additionnalité et ne contribue donc pas à la réduction des émissions au niveau global.

L’ONU, dans une note en date de juin 2019, intitulée "Les compensations carbone ne nous sauveront pas" met en garde contre "l’illusion dangereuse d'un correctif qui permettra à nos émissions de continuer à croître" et précise que cette solution "peut conduire à la complaisance".

Le référentiel Net Zéro Initiative

Le cabinet de conseil français Carbone 4 réfléchit depuis 2 ans au moyen de sortir de cette quadrature du cercle. Conscient que la neutralité carbone manque d’une définition claire et de principes communs permettant aux entreprises de se calquer sur une base reconnue par tous, Carbone 4 a présenté le 30 mars dernier un référentiel baptisé Net Zéro Initiative.

Ce référentiel permet de sortir de la notion de compensation afin de s’engager sur une véritable réduction des émissions de gaz à effets de serre.

Net Zéro Initiative, c’est un postulat bâti sur 3 piliers. Les voici résumés.  

  • Postulat : pour respecter l’Accord de Paris, il faut non seulement atteindre l’objectif de zéro émissions nettes suffisamment tôt mais également réduire rapidement les émissions des autres gaz à effet de serre et maintenir et développer les puits de carbone. Pour y parvenir, 3 piliers sont identifiés. 

Pour contribuer à la baisse globale des émissions, une entreprise doit :

  • 1er pilier : réduire ses propres émissions directes et indirectes,
  • 2ème pilier : réduire les émissions des autres en commercialisant des solutions bas-carbone et en finançant des projets bas-carbone en dehors de sa chaîne de valeur.

Pour contribuer à l’augmentation des absorptions mondiales, elle doit :

  • 3ème pilier : augmenter les puits de carbone en développant les absorptions de carbone en son sein et dans sa chaîne de valeur et en finançant des projets de puits de carbone hors de sa chaîne de valeur.

Passer de compensateur à contributeur

En synthèse, pour donner corps à cette ambition, les entreprises doivent désormais devenir d’actives contributrices à la baisse des émissions mondiales, et ne plus se contenter d'en être seulement compensatrices. 

Si la réduction des émissions de gaz à effet de serre tout au long de leur chaîne de valeur doit rester la priorité, Renaud Bertin et César Dugast, à la tête du « Pôle Neutralité » de Carbone 4, mentionnent aussi que les entreprises doivent endosser une part de l’immense effort de conservation et de restauration des puits de carbone. "L'agroécologie doit notamment devenir la norme à travers l’agriculture de conservation, biologique et régénérative (…). Les forêts, les mangroves, les zones humides, et en particulier les tourbières, doivent être préservées et restaurées. Quant aux terres dégradées, elles doivent être reboisées et reforestées en favorisant la biodiversité".

Le Net Zéro Initiative est un modèle de rupture qui appelle une profonde remise en question du fonctionnement économique des organisations. Et sans doute l’un des plus importants chantier qu’un responsable d’entreprise aura à mener au cours de sa carrière.

Pour en savoir plus : http://www.netzero-initiative.com/fr

NB : A l’occasion de la COP25, un autre mouvement baptisé Net Zéro 2030 a été initié par plus de 500 entreprises certifiées BCorp, dont 30 en France. Elles ont pris publiquement l'engagement de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre à net zéro d’ici 2030. Lumo, en tant qu'entreprise BCorp depuis 2014 a rejoint ce mouvement. 

Pour en savoir plus : https://www.lumo-france.com/blog/2019/12/13/objectif-netzero2030

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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